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Renouveau à l’église de Tréhorenteuc

Publié le dimanche 29 juin 2014

En accord entre Monsieur le Curé de Mauron, l’évêché de Vannes, les départements d’art sacré d’Ile et Vilaine et du Morbihan, un certain nombre d’éléments de l’église de Tréhorenteuc vont évoluer afin de permettre son embellissement et une bonne cohabitation entre le Sacré, les services liturgiques, et les déambulations libres des touristes et des visites guidées de groupes.
C’est dans ce cadre que le Père François Marbaud, curé de Mauron en charge de Tréhorenteuc, m’a fait l’honneur et la joie de me demander de l’aider pour déplacer l’autel de l’église. Convaincu que nous aurions besoin de plusieurs bras pour déplacer cet autel en chêne avec façade en marbre, j’ai fait appel à un ami local et aux hôtes présents chez moi, créant ainsi spontanément une petite troupe représentative des visiteurs de Tréhorenteuc et qui aurait ravi le cœur de l’Abbé Gillard, avec des locaux, des Belges, des gens du sud, chacun ayant sa sensibilité religieuse et philosophique, mais tous profondément respectueux du Sacré et conscients de vivre un moment historique. C’est donc au soir du 24 juin, jour de la Saint Jean-Baptiste, que nous avons procédé à cette translation et fait la grande découverte !

Déplacement de l’estrade.


Découverte de la mosaïque masquée probablement depuis 50 ans. En effet à l’époque de l’Abbé Gillard, donc avant Vatican II, le prêtre faisait sa messe en tournant le dos à l’assemblée. Après Vatican II, (1962- 1965), le prêtre célébrera la messe face aux fidèles. Hors à cette époque l’Abbé Gillard n’était plus résident de Tréhorenteuc, et son successeur a du faire le choix de positionner l’autel face au public, et donc juste à la verticale de la mosaïque.


Sur fond de croix de Jérusalem, un calice rayonnant de 17 rayons offre le Pain et le Vin, Corps et Sang du Christ, à l’adoration des fidèles, pèlerins et passants.


Notre bon curé, le Père François Marbaud (de Brénignan) digne successeur de l’abbé Gillard, habité de la même émotion et de la même dévotion au Saint Sacrement.


Couleurs retrouvées !


La plaque blanche du fronton de l’autel sur laquelle est inscrit que Sainte Onenne est enterrée dans l’espace de cette église, est en fait un réemploi d’une pierre tombale en marbre. Celle du père Chevalier décédé le 20 juillet 1885, et qui fut le recteur de Guegon village natal de l’Abbé Gillard,


Remise en place du tablier de l’autel.


La croix de Jérusalem de la mosaïque va avoir tendance à entrainer l’imagination du visiteur vers les chevaliers de Jérusalem et les templiers par exemple, avec un regard médiéviste très en rapport avec notre écosystème local.

Voilà ce que l’Abbé Gillard écrit dans son premier cahier, chapitre 36 :
"Le Saint-Graal est le calice dont se servit Jésus le soir du Jeudi-Saint. Il produisait des miracles et tout spécialement il approvisionnait en toutes sortes de nourritures les Chevaliers de la Table Ronde.
Et donc à la place du Saint Graal, il faut imaginer l’Eucharistie ; et au lieu de cette foison de nourritures corporelles qui n’a jamais existé, il faut se figurer la production vraie, mais spirituelle et invisible de la Sainte Eucharistie : la grâce sanctifiante et les grâces actuelles, les pensées et les sentiments religieux. Ainsi la légende de la Table Ronde présente, sous des apparences un peu folles, des vérités religieuses. Peut-être a-t-on tort de n’y pas réfléchir davantage. "

au chapitre 39 de ce premier cahier on trouve au paragraphe Jérusalem :
"Dans toute église, on représente eucharistiquement ce qui s’est passé à Jérusalem le Vendredi-Saint. Donc toute église est un petit Jérusalem. D’où le blason de la ville qu’on voit aux quatre coins et au milieu du chœur. Il est formé de cinq croix en souvenir des cinq plaies de Notre-Seigneur..."

 l’Abbé Gillard a aménagé son église de telle sorte que les murs se parlent et se complètent,
 l’Abbé Gillard était avant tout un prêtre chrétien imprégné de sa foi, de son message, d’une profonde dévotion à l’Eucharistie, vrai Sang et vrai Corps du Christ, et de sa volonté évangélique de partage.

 Partant de là, la croix de Jérusalem au sol devient le reflet de celle du grand vitrail, illustrant ainsi que l’Église terrestre est le reflet de la Jérusalem Céleste. (Apocalypse de Jean chap. 21). Cette croix de Jérusalem composée de 5 croix rouges est aussi le reflet des 5 plaies du Christ, dont le corps ascensionné du vitrail porte les stigmates.
 Le Pain et le Vin de la mosaïque sont alors tout naturellement le reflet terrestre du Christ Ascensionné, présent sur le vitrail-céleste juste à côté de la Jérusalem Céleste.
En bref, pour qui cherche le Graal selon la voie chrétienne, c’est en ce lieu où à chaque messe le prêtre offre l’Eucharistie que nous le trouverons, vrai Sang et vrai Corps du Christ, moment sans pareil où le terrestre rencontre le Ciel...les 17 rayons semblent le confirmer.

On peut voir dans ce reflet ciel-terre une illustration d’un thème que l’Abbé Gillard à mise en œuvre dans toute sa composition, celui de l’Équilibre, illustré le plus souvent entre masculin et féminin, couleurs bleue et rouge, et représentant en final un thème récurrent de la bible, à savoir la Justesse.
Le Christ ascensionné du vitrail est de couleur violette, mélange équilibré de bleu et de rouge montrant par là qu’Il a atteint la pleine perfection et que son Nom désormais "surpasse tous les noms" (Épître aux Philippiens 2-9)

Et pour se convaincre qu’en cette église on approche vraiment au plus près la présence du Christ, particulièrement au moment de sa passion, il est touchant de lire dans le troisième cahier chapitre 67 :
"A l’entrée du chœur, le mur de gauche est dévié vers la droite. Pourquoi faire ? Pour évoquer le moment précis où Jésus rendant le dernier soupir a achevé la Rédemption. A ce moment, Il laissa tomber sa tête. Est-ce à droite ? Est-ce à gauche ? On ne sait pas. Mais ici on la fait tomber à gauche donnant à entendre, ce qui est la vérité, que la dernière pensée de Jésus fut pour les pauvres pécheurs."


Voilà l’essentiel ou "l’essence du ciel" pour un prêtre.
. Mais on peut imaginer qu’un peu de chevaliers, de templiers et d’aventures exotiques et anciennes n’étaient pas pour lui déplaire et offrent un cadre encore plus vaste à ceux qui sont appelés à passer cette porte.
. Par ailleurs, pain-terre, vin-eau, rayons-feu et brume d’or-air peuvent aussi trouver leurs places et illustrer ainsi une autre forme d’équilibre et de plénitude.
. Autre coïncidence, une croix dite celtique se construit en croisant deux bandes, auxquelles on ajoute quatre cercles à leurs croisements puis un cinquième au centre. La croix de Jérusalem fortement "potencée" retenue à Tréhorenteuc permet ce dessin. Le cercle central de Gwenved devient alors l’Hostie consacrée.
. Les murs se répondant, et la mosaïque-terre répondant au vitrail-ciel, on dessine en fait une croix dans l’air.... comme on dessine un N quand on suit l’ordre chronologique des vitraux de la vie de Saint oNeNNe. (N majuscule qui se lit dans les 2 sens ou en reflet...)
etc...


Lumière du soleil couchant vers 20 heures ce soir de la Saint Jean baptiste


La première messe célébrée depuis cette découverte l’a été aujourd’hui, 29 juin, jour de la Saint Pierre et Saint Paul. Puissent ils vous donner les clés de votre vie, et celle du paradis à la fin de celle-ci ! :)